Deux cas de rage chez la faune au Québec en décembre 2024
Deux cas de rage ont été diagnostiqués par le RCSF-Québec (CQSAS) au mois de décembre 2024. Le premier cas a été observé le 17 décembre dernier chez un raton laveur qui présentait des signes neurologiques à Saint-Armand, à moins de 2 km de la frontière américaine (Vermont). L’animal a été récupéré par un technicien du programme de surveillance de la rage du raton laveur du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), et soumis pour analyse. L’examen post-mortem de l’animal a permis de mettre en évidence des lésions d’encéphalite (inflammation du cerveau) avec présence de corps de Négri suggestifs d’une infection par le virus de la rage (Figure 1). Un diagnostic de rage a été confirmé chez cet animal par l’Agence canadienne de l’inspection des aliments (ACIA) qui a identifié le virus comme appartement au variant du raton laveur. Le virus de la rage du variant du raton laveur est retrouvé principalement chez les ratons laveurs et les moufettes rayées dans les états de l’est des États-Unis. Des cas de ce variant ont aussi été observés au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Comme des cas de rage avaient été rapportés au cours des dernières semaines dans l’État du Vermont, à quelques kilomètres de la frontière avec le Québec, le programme de surveillance de la rage avait été rehaussé dans ce secteur. Ce cas est d’intérêt pour la santé publique, car il s’agit du premier cas de rage du variant du raton laveur à être documenté sur le territoire québécois depuis 2015. Ce variant présente ainsi un risque d’expansion en Montérégie et en Estrie. Le MELCCFP, en collaboration avec ses partenaires, explore présentement les actions qui seront mises en place afin de limiter la propagation de ce variant sur le territoire québécois. Les actions à prendre pourraient inclure un rehaussement du programme de vaccination des populations de ratons laveurs au printemps.
Un deuxième cas de rage a été diagnostiqué chez un renard roux qui avait été observé le 19 décembre dans l’extrême nord du Québec. Ce renard, qui présentait aussi des signes neurologiques, a été euthanasié et soumis pour analyse. Comme pour le raton laveur, un diagnostic de rage a été confirmé chez cet animal par l’ACIA. Dans ce cas, c’est le variant du renard arctique qui a été impliqué. La rage du variant du renard arctique est endémique (présente en continu) dans le nord du Canada, incluant le nord du Québec, avec des cycles plus ou moins rapprochés, qui sont influencés, entre autres, par la densité des populations de renards arctiques. Il semblerait que la population de renards arctiques soit très abondante cet hiver au nord du Québec, ce qui pourrait expliquer l’éclosion de cas de rage sur ce territoire. Au Québec, lors d’éclosion d’épisodes de rage du renard arctique, des cas peuvent être observés au Nunavik, mais aussi en Abitibi-Témiscamingue, sur Côte-Nord et à la Baie-James.

Sections de cerveau du raton laveur affecté par la rage. On note la présence de cellules inflammatoires autour d’un vaisseau (flèches). Le cytoplasme de certains neurones contient des corps de Négri (pointes de flèches – petits points roses).
La rage est une zoonose potentiellement fatale. L’Homme et les animaux domestiques peuvent s’infecter suite à une morsure, une griffure ou un contact avec la salive d’un animal enragé. Compte tenu du risque zoonotique et de la gravité de cette condition, il est important de vacciner nos animaux de compagnie contre ce virus. Dans l’éventualité d’une exposition humaine potentielle, le médecin consultant pourrait prescrire une prophylaxie postexposition qui est efficace si administrée avant le début des symptômes. En cas de morsures ou autres blessures cutanées causées par un mammifère sauvage, nettoyer la plaie avec du savon pendant 15 minutes et contacter rapidement Info-Santé 811 ou autres services de santé provinciaux. Si vous observez un raton laveur, une moufette ou un renard mort ou présentant des signes neurologiques (paralysie, agressivité, désorientation…), dans les régions québécoises suivantes : Montérégie, Estrie, Nunavik, Abitibi-Témiscamingue, Côte-Nord et Baie-James, vous pouvez le signaler en contactant le MELCCFP au 1 877 346–6763. Pour plus d’information sur la rage du raton laveur au Québec, veuillez consulter le site suivant : https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/sante-animale/maladies-animales/liste-maladies-animales/rage-chez-les-animaux/operations-de-surveillance-de-la-rage-du-raton-laveur
Stéphane Lair, CWHC-QUÉBEC / CQSAS