Au printemps dernier, le CWHC a reçu une femelle et un mâle opossum d’Amérique (Didelphis virginiana) du Wings Rehabilitation Centre à Amherstburg, en Ontario. La femelle opossum avait été trouvée blessée, tandis que le mâle, émacié, était demeuré au centre pendant 77 jours. Les deux animaux ont été euthanasiés en raison de leur état respectif.

Les résultats préliminaires de la nécropsie des deux opossums ont révélé la présence d’innombrables petits nodules surélevés, de couleur brun clair, répartis sur plusieurs de leurs principaux organes (foie, cœur, reins, poumons et rate). Des nodules étaient également présents dans les tissus sous-cutanés et les muscles squelettiques, suggérant une infection sous-jacente à Besnoitia darlingi. L’examen microscopique de la femelle a également révélé une infection bactérienne systémique, qui aurait pu initialement provenir de ses blessures. L’examen microscopique des deux opossums a confirmé que les nodules internes étaient des kystes parasitaires, compatibles avec une infection systémique à Besnoitia.

Les espèces de Besnoitia sont des endoparasites coccidiens qui infectent une variété de mammifères sauvages et domestiques, ainsi que certains reptiles. Ces organismes produisent des kystes tissulaires blancs, à paroi épaisse, de forme ronde à ovoïde, mesurant environ 2 à 4 millimètres de diamètre. Dans les infections chroniques, les kystes se développent souvent dans l’hypoderme, les muqueuses des voies respiratoires supérieures, la muqueuse génitale, ainsi que dans la conjonctive et la sclère. Ces kystes apparaissent souvent comme de petits nodules blancs visibles à l’œil nu, et le diagnostic est habituellement confirmé par cytologie ou histopathologie.

Le cycle biologique de plusieurs espèces de Besnoitia est mal compris; notamment en ce qui concerne la gamme des hôtes intermédiaires et l’identité de l’hôte définitif. Cependant, pour Besnoitia darlingi, le chat domestique est l’hôte définitif et l’opossum sert d’hôte intermédiaire.

Bien que les infections à Besnoitia chez l’opossum d’Amérique soient souvent des découvertes fortuites sans implication clinique, les infections systémiques peuvent dans certains cas entraîner un affaiblissement important, voire la mort. La charge parasitaire de ces charognards adaptés au milieu urbain peut refléter l’état de santé environnemental ou la dynamique de transmission avec d’autres hôtes sauvages ou domestiques.

Ces observations soulignent l’importance de la surveillance des maladies de la faune pour mieux comprendre les menaces parasitaires émergentes ou négligées. Bien que le potentiel zoonotique de Besnoitia demeure non confirmé, sa présence dans la faune ontarienne élargit notre carte épidémiologique et contribue à une meilleure compréhension du comportement et de la dynamique de transmission de ce parasite. Des recherches complémentaires en pathologie et en biologie moléculaire permettront de préciser la distribution et la signification sanitaire potentielle de ce parasite dans une perspective Une seule santé (One Health).

Rédigé par Kaitlyn Young, étudiante, CWHC Ontario/Nunavut

Références

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  2. Ellis, A. E., Mackey, E., Moore, P. A., Divers, S. J., VetMed, B., ZooMed, D., … & Yabsley, M. J. (2012). Debilitation and mortality associated with besnoitiosis in four Virginia opossums (Didelphis virginiana). Journal of Zoo and Wildlife Medicine, 43(2), 367-374.
  3. Malatji, M. P., Tembe, D., & Mukaratirwa, S. (2023). An update on epidemiology and clinical aspects of besnoitiosis in livestock and wildlife in sub-Saharan Africa: A systematic review. Parasite epidemiology and control, 21, e00284. https://doi.org/10.1016/j.parepi.2023.e00284
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