En résumé: Bien que des cas sporadiques chez l’Homme suite à des voyages ou des infestations temporaires dues à des importations de bétail puissent survenir, les conditions climatiques du Canada ne sont pas favorables à l’établissement de cette mouche sur le territoire.
Qu’est-ce que la lucilie bouchère ?
La lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax) a récemment attiré beaucoup d’attention médiatique, car cette espèce peut causer des dommages chez l’Homme, le bétail et la faune — un exemple bien concret d’une maladie de type « Une seule santé ».
Cette mouche est un parasite dont les larves se nourrissent de la chair vivante d’animaux à sang chaud, contrairement à la plupart des asticots qui consomment uniquement des tissus morts. Les femelles pondent des centaines d’œufs dans des plaies ouvertes, et les larves qui en émergent s’enfouissent dans les tissus vivants, agrandissant la blessure à mesure qu’elles croissent. Après environ une semaine, elles tombent au sol, se transforment en pupes dans le sol, puis émergent comme mouches adultes prêtes à recommencer le cycle. Sans traitement, ces infestations peuvent être mortelles pour la faune, les animaux de compagnie et le bétail.
Au début du siècle dernier, la lucilie bouchère était présente jusqu’au centre de la Californie et de la Géorgie sur les côtes, et jusqu’au Missouri à l’intérieur du continent, avec des cas occasionnels signalés près de la frontière canadienne (en anglais seulement). Toutefois, l’espèce a été éradiquée des États-Unis et du Mexique après un effort colossal de près d’un milliard de dollars qui s’est étendu sur plusieurs décennies (en anglais seulement).
La stratégie d’éradication fut ingénieuse : les femelles ne s’accouplent qu’une seule fois, tandis que les mâles peuvent s’accoupler plusieurs fois. Des millions de mâles stérilisés ont donc été relâchés afin de « s’accoupler » avec les femelles et ainsi « gâcher » leur unique opportunité de reproduction. Cette approche s’est révélée (et demeure) très efficace : les États-Unis ont été déclarés exempts de la mouche en 1966, et le Mexique en 1991.
Pour plus d’information sur la lucilie bouchère, vous pouvez consulter ces liens :
- https://www.woah.org/fr/maladie/myiase-a-cochliomyia-hominivorax/
- https://www.aphis.usda.gov/livestock-poultry-disease/cattle/ticks/screwworm (en anglais seulement)
- https://www.usgs.gov/centers/nwhc/science/preparing-potential-emergence-new-world-screwworm-us (en anglais seulement)
- https://www.cdc.gov/new-world-screwworm/situation-summary/index.html (en anglais seulement)
Quelle maladie provoque-t-il?
L’alimentation des larves de cette mouche provoque une maladie chez les mammifères (et rarement chez les oiseaux) appelée myiase, définie comme « l’ensemble des troubles provoqués par la présence, dans un corps animal, de larves de diptères parasites ». (Remarque : le lien associé contient des images d’infections potentiellement choquantes.)
L’alimentation des larves de cette mouche provoque une maladie chez les mammifères (et rarement chez les oiseaux) appelée myiase, sont l’ensemble des troubles provoqués par la présence dans un corps animal de larves de diptères parasites
Pourquoi s’en préoccupe-t-on aujourd’hui?
Une réémergence récente de cette mouche a été observée dans les Amériques, l’Organisation mondiale de la santé animale ayant signalé plus de 20 000 nouvelles éclosions. En 2016-2017, une épidémie est survenue en Floride, touchant environ 100 cerfs des Keys, cinq chiens, deux chats, deux cochons domestiques et un raton laveur (la mouche a ensuite été éradiquée). De plus, la réapparition du parasite dans le bétail au Mexique a entraîné une interdiction d’importation de bovins vers les États-Unis (en anglais seulement). L’été dernier, les États-Unis ont annoncé un plan majeur pour prévenir la propagation vers le nord de la maladie (en anglais seulement). Du point de vue canadien, un cas a été signalé chez un voyageur revenu du Costa Rica, et l’on craint qu’une fermeture de la frontière ne soit envisagée si la mouche est détectée chez le bétail américain (en anglais seulement).
Y a-t-il des espèces sensibles au Canada?
La lucilie bouchère est un parasite des mammifères (et rarement des oiseaux) — voir le chapitre 3.1.15 du Manuel des tests diagnostiques et des vaccins pour les animaux terrestres de l’OMSA — ce qui signifie que tout mammifère au Canada, y compris les humains et la faune, est potentiellement sensible.
Est-ce une menace pour la faune canadienne?
La bonne nouvelle, c’est que les modélisations de Uriel Mauricio Valdez-Espinoza et de ses collègues ont montré que, si les conditions climatiques en Floride et au Texas présentent un risque élevé d’invasion, les latitudes plus nordiques présentent un risque faible (en anglais seulement). Il fait tout simplement trop froid ici pour que la mouche puisse s’établir dans la nature. Une bonne nouvelle, pour une fois !
Cela dit, au cas où elle parviendrait à se rendre jusqu’ici, la myiase due à la lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax) est une maladie à déclaration immédiate au Canada. Cela signifie que tout laboratoire canadien qui soupçonne ou diagnostique la maladie doit la signaler à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) afin que des mesures de contrôle puissent être mises en place.
Dans le cadre de ses efforts continus de surveillance de la santé de la faune au Canada, le Réseau canadien de la santé de la faune continuera à surveiller la présence de cette maladie chez la faune.
Crédit photo : Jennifer Koches, USFWS.

