Une nouvelle maladie virale chez l’écureuil gris?
En novembre dernier, une agrégation de mortalités d’écureuils gris (Sciurus carolinensis) a été signalée à Montréal. Une citoyenne inquiète, qui soupçonnait un empoisonnement intentionnel, a soumis un des écureuils morts retrouvé sur son patio au laboratoire du RCSF-Québec.
L’écureuil soumis était une femelle adulte présentant un état corporel moyen (réserves de graisse corporelle réduites). Le seul changement significatif observé était la présence de zones de congestion couvrant plus de 50% du volume des poumons. L’apparence de ces zones, qui semblaient être en fait consolidées, était suggestive d’une pneumonie. La première chose qu’un pathologiste fera pour confirmer une maladie suspectée est de prélever un échantillon de l’organe pour effectuer une analyse histologique en microscopie. L’examen microscopique du poumon a confirmé les lésions de pneumonie. Ces lésions se caractérisaient par un épaississement des parois des alvéoles dû à un envahissement de ces parois par des cellules inflammatoires et à une augmentation du nombre de cellules appelées pneumocytes de type II. Ces pneumocytes de type II sont des cellules qui tapissent les parois des alvéoles pulmonaires et qui prolifèrent lors d’infection. Des cellules syncytiales (cellules fusionnées ensembles) d’allure inhabituelle ont également été régulièrement observées dans les poumons.
Comme ce type de lésions (pneumonie interstitielle avec des cellules syncytiales et hyperplasie des pneumocytes de type II) suggère une infection virale, des échantillons congelés de poumons ont été envoyés au laboratoire de virologie afin de vérifier si un virus était présent. Fait intéressant, un coronavirus, non-décrit dans la littérature, a été détecté dans les poumons de cet animal. Même si cela reste spéculatif à l’heure actuelle, la présence de ce virus associé à des lésions pulmonaires caractéristiques d’une infection virale nous fait croire que cet écureuil est mort d’une infection mortelle par un coronavirus.
Différentes espèces de coronavirus sont connues pour causer des pneumonies chez différentes espèces d’hôtes tels que les rats et les porcs et l’Homme. A notre connaissance, aucune infection pulmonaire par des coronavirus n’a été décrite chez l’écureuil gris. Nous essayons actuellement de mieux caractériser ce virus. Ce cas montre que même si nous étudions les maladies de la faune depuis plusieurs décennies, nous avons encore beaucoup à découvrir. S’il y a des pathologistes de la faune qui ont vu des cas similaires, merci de me contacter.
Stéphane Lair, CWHC – Québec