Un ours blanc en Gaspésie, Québec!

Un ours blanc a été aperçu dans la péninsule gaspésienne le 1er mai dernier près de la municipalité de Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine. En raison des risques pour la sécurité publique, les agents du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ont dû se résigner à abattre l’animal. La carcasse de l’ours a été soumise au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (RCSF-Québec) pour analyse. L’ours en question était un mâle de 300 kg dont l’âge est estimé à 5 ou 6 ans. L’animal était en très bon état corporel; ses réserves de graisses sous-cutanées et périviscérales étant abondantes. Nos examens n’ont pas permis d’identifier de problème de santé chez cet animal. Le très bon état corporel observé indique que cet ours a été en mesure de s’alimenter convenablement au cours des dernières semaines ou des derniers mois. Bien que l’on associe l’ours blanc aux habitats arctiques, sa présence est occasionnellement documentée le long des côtes du Labrador, de Terre-Neuve et de la région de la Basse-Côte-Nord au Québec. En fait, un ours blanc avait été observé à plusieurs reprises en Basse-Côte-Nord au début du mois d’avril. Plusieurs croient que l’ours aperçu en Gaspésie pourrait bien être celui observé sur la Basse-Côte-Nord qui aurait traversé le Golf du Saint-Laurent, sur les glaces ou à la nage. À cette hauteur, le Golf a une largeur d’un peu plus de 100 km, ce qui représente une distance bien en deçà de la distance maximale de nage sans arrêt documentée chez un ours blanc (plus de 600 km).

On peut faire l’hypothèse que ce comportement d’exploration est relié à une recherche de sources de nourriture. L’habitat traditionnel de l’ours blanc est fortement altéré par les changements climatiques. Cette espèce est un spécialiste dans la chasse aux phoques sur la banquise. Avec la fonte des glaces de plus en plus hâtive, la période propice à ce type de chasse aux phoques est de plus en plus courte. Ceci semble pousser les ours blancs à diversifier leur diète. Par exemple, on a documenté des ours chassant des caribous ou des oiseaux aquatiques. Il est possible que la présence de très nombreux phoques du Groenland, qui mettent bas sur la glace au large des côtes du Labrador attire les ours blancs vers le sud. Avec les changements globaux à venir, ce type de déplacements hors zone de distribution habituelle pourrait être de plus en plus fréquent chez cette espèce.

Photo d’ours polaire du compte facebook de Jean Bergeron

Stéphane Lair, RCSF – Québec

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