Tumeur de la glande surrénale (phéochromocytome) chez un marsouin commun
Un marsouin commun mâle adulte trouvé échoué l’été dernier à Cloridorme en Gaspésie, Québec a été soumis pour nécropsie au centre régional du Québec pour le Réseau canadien pour la santé la faune (CQSAS). À l’examen macroscopique, l’animal était maigre et présentait différentes infections parasitaires affectant les poumons, le foie et l’estomac. Ce type d’infection parasitaire est fréquente chez les marsouins adultes et souvent bien supporté par l’animal. La glande surrénale gauche de l’animal était augmentée de taille (photo 1). En fait, le poids de la glande surrénale gauche était 4 fois plus élevé que la glande surrénale droite. À la coupe de cette glande, on pouvait observer un épaississement marqué de la portion médullaire (centrale) de la glande; la zone corticale (externe) de cette glande étant essentiellement absente.
L’examen microscopique de la glande affectée a pu confirmer que cet animal était affecté par un phéochromocytome, c’est-à-dire une tumeur de la portion centrale (médulla) de la glande surrénale. Cette tumeur est souvent fonctionnelle et sécrète des catécholamines (épinéphrine, norépinéphrine). Ces hormones, présentes de façon normale lors d’événements de stress, peuvent être produites en quantité excessive par la tumeur et peuvent avoir des effets systémiques néfastes, tels de l’hypertension, de la faiblesse, des arythmies et même un collapse.
Dans le cas de ce marsouin, un épaississement de la paroi de certaines artérioles a été noté lors de l’examen microscopique des tissus, ce qui suggère un état d’hypertension. Il est donc proposé que cette tumeur glandulaire serait potentiellement responsable de l’échouage de ce marsouin.
Le phéochromocytome est une tumeur plutôt rare chez les animaux sauvages. Elle a déjà été décrite chez un dauphin à nez blanc en Caroline du Nord et un dauphin tacheté de l’Atlantique en Floride. Des tumeurs et lésions prolifératives ont aussi été diagnostiquées dans la médullosurrénale d’une dizaine de bélugas de la population du Saint-Laurent. À notre connaissance cette tumeur n’a pas été rapportée chez le marsouin commun.
Les facteurs de risques pour cette tumeur ne sont pas connus. La collecte de données sur les causes de mortalité chez les marsouins ainsi que le suivi des tendances de trouvaille de tumeurs surrénaliennes chez les cétacés pourront éventuellement nous donner plus d’information à ce sujet.
RCSF – Québec