Le projet de recherche sur les orignaux en Jamésie continue !
Pour la troisième année consécutive, une équipe du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs – bureau de Chibougamau (MFFP), sous la supervision du biologiste Vincent Brodeur, poursuit le projet en Jamésie visant à mieux comprendre le comportement des orignaux en forêt aménagée selon les modalités particulières de la Paix des braves. Les vétérinaires du RCSF – Québec ont été invités à participer au projet ces trois derniers hivers, afin de superviser les anesthésies et de réaliser un examen de santé sur les animaux. Cette année 2020, l’équipe sur le terrain se composait de la vétérinaire Dre Marion Jalenques, des techniciens du MFFP Alexandre Paiement, Stéphane Rivard et Karen Savard, et du pilote Michaël Vaugeois.
Survolant en hélicoptère la forêt aménagée, l’équipe recherche des orignaux femelles devant être munies d’un collier émetteur. Les animaux sont ensuite anesthésiés à l’aide d’une fléchette hypodermique tirée depuis l’hélicoptère. L’anesthésiant utilisé est une combinaison de plusieurs molécules (butorphanol, azapérone et médétomidine), qui s’est montrée efficace et sécuritaire pour l’immobilisation de plusieurs ruminants sauvages, notamment les orignaux anesthésiés pour ce même projet en janvier 2018 et 2019. Cette combinaison constitue une très bonne alternative aux opioïdes ultra-puissants, plus dangereux à manipuler. Elle offre une induction relativement rapide et peut être partiellement antagonisée (administration d’un antidote) en fin de procédure pour un réveil relativement rapide avec peu d’effets sédatifs suite au réveil.
Chaque orignal anesthésié se voit équipé d’un collier émetteur ou d’un collier caméra munis d’un mécanisme de relâche automatisé qui se déclenchera après 21 mois. Les colliers caméra permettent de bonifier chaque localisation d’une courte vidéo permettant principalement la validation des cartes écoforestières. Des étiquettes d’oreille permettent d’identifier l’animal et communiquer à un chasseur qu’il doit contacter le MFFP avant de consommer un animal qui a été anesthésié. Le pelage de l’animal est ensuite inspecté pour évaluer le niveau d’infestation par la tique d’hiver (Dermacentor albipictus) et quelques selles sont également récoltées pour analyse hormonale (diagnostic de gestation). Pendant toute la durée de la procédure, une surveillance de l’anesthésie est réalisée par la vétérinaire et une supplémentation en oxygène est prodiguée via une sonde nasale.
Comme les années précédentes, les femelles orignal examinées semblaient en bonne condition physique et étaient souvent accompagnées d’un veau. Les animaux étaient peu ou pas infestés par la tique d’hiver et les lésions alopéciques pouvant être causées par ce parasite étaient minimes. Néanmoins, l’aire de répartition de ce parasite progresse vers le nord et la sévérité d’infection pourrait potentiellement augmenter, et possiblement infester aussi les populations de caribou forestier. Par conséquent, il est important de continuer à surveiller la progression de ce parasite et ses effets sur les populations d’orignaux. Le suivi des animaux avec des colliers émetteurs permettra d’en savoir plus sur l’écologie et le comportement de ces grands mammifères dans la forêt boréale et améliorer les modalités de coupe forestière afin de favoriser davantage les populations de ce grand gibier.
Marion Jalenques
RCSF – Québec