Hyperplasie thyroïdienne chez les ombles de fontaine sauvages du lac Florentien, Abitibi-Témiscamingue (QC).
Petit lac parmi tant d’autres en Abitibi-Témiscamingue (Québec), le lac Florentien se distingue par son projet de restauration d’une population naturelle d’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) réalisée en 2012. Durant les étés 2016 et 2017 cependant, des goitres (augmentation de la taille de la thyroïde) ont été observés chez plusieurs spécimens d’omble de fontaine de ce lac. Les lésions se caractérisaient par la présence d’une ou plusieurs masses situées sous la tête à la jonction des deux opercules, ou visibles à la base des branchies (voir figure).
Une hyperplasie folliculaire thyroïdienne a été confirmée à l’histologie par le RCSF-Québec. Afin de mieux caractériser les lésions et de mieux comprendre leur origine, un projet a été réalisé en collaboration avec le MFFP et le Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAS – RCSF-Québec) au cours de l’été 2019. Des poissons ont été échantillonnés sur deux lacs pour examen macroscopique et microscopique: le lac Florentien et un lac témoin voisin pour comparaison. Une hyperplasie thyroïdienne a été diagnostiquée à l’histologie sur plusieurs poissons capturés dans le lac Florentien. Les lésions étaient toutefois légères et ne semblaient pas affecter l’état général des poissons.
L’hyperplasie thyroïdienne est une lésion proliférative non tumorale, secondaire à une stimulation excessive de la glande thyroïde pour la production d’hormones thyroïdiennes. Cette condition est peu documentée chez les poissons en milieu naturel. La seule documentation d’hyperplasie thyroïdienne est rapportée chez des saumons sauvages des Grands Lacs dans les années 1970. Différentes hypothèses sont avancées pour expliquer l’apparition de goitre chez les poissons : une eau pauvre en iode, une alimentation carencée en iode ou la présence de substances goitrigènes dans l’environnement ou dans la diète. Chez les ombles de fontaine du lac Florentien, une cause nutritionnelle est fortement suspectée, du fait de la densité élevée de poissons dans ce lac (compétition intraspécifique pouvant entrainer une malnutrition) et des analyses d’iode réalisées durant ce projet montrant une nourriture potentiellement faible en iode. La consommation de ces poissons est sans danger pour l’homme.
Remerciements :
Merci aux membres du MFFP, Jean-Pierre Hamel et Isabelle Dumais, et à tous les pêcheurs bénévoles pour la logistique, la capture des poissons et leur précieuse aide dans l’examen des poissons. Merci à Sarah Bosisio, étudiante engagée au CQSAS en 2019, pour son aide sur le terrain, la gestion des échantillons et la réalisation des coupes histologiques.
RÉFÉRENCES
- Chanet B, Meunier FJ (2014). The anatomy of the thyroid gland among “fishes”: phylogenetic implications for the Vertebrata. Cybium, 38(2), 89–
- Hardy RW. (1998). Feeding salmon and trout. In: Nutrition and feeding of fish. Springer, Boston, MA. p. 175–197
- Leatherland JF, Ferguson HW (2006). Endocrine and reproductive system. In: Ferguson HW (ed.). Systemic pathology of fish: a text and atlas of normal tissue responses in teleosts, and their responses in disease. 2nd ed. London: Scotian Press. p. 266–287.
- Terech-Majewska E, Pajdak J, Siwicki AK (2016). Water as a source of macronutrients and micronutrients for fish with special emphasis on the nutritional requirements of two fish species: the common carp (Cyprinus carpio) and the rainbow trout (Oncorhynchus mykiss). Journal of Elementology, 21(3): 947–961.
Marion Jalenques et Stéphane Lair – RCSF – Québec