Flambée de cas de mycoplasmose chez les oiseaux de mangeoires au Québec cet hiver.

Blepharite (enflure des paupières), hautement caractéristique de mycoplasmose, chez un chardonneret jaune. Montréal, Québec.
Pour le quatrième hiver de suite, des cas de maladies oculaires ont été rapportés chez des oiseaux fréquentant les postes d’alimentation au Québec. Bien que nous n’ayons pas reçu d’échantillons nous permettant de confirmer le diagnostic, les lésions observées sont hautement caractéristiques d’une infection par Mycoplasma gallisepticum (maladie connue sous le nom de mycoplasmose). Cette condition, qui a fait sa première apparition en Amérique du Nord en 1994, semble belle et bien de retour. On peut même dire qu’il y a eu une certaine flambée de cas au Québec au cours de l’hiver avec près de 30 signalements différents, surtout chez des roselins familiers (Carpodacus mexicanus), chardonnerets jaunes (Carduelis tristis) et gros-bec errant (Coccothraustes vespertinus).
La répartition géographique des cas de mycoplasmose suspectés et confirmés au Canada peut être visualisée sur la carte suivante : http://www.cwhc-rcsf.ca/mycoplasmosis_map.php.
Un petit rappel sur ce qu’est la Mycoplasmose : c’est une maladie aviaire qui touche à la fois les oiseaux sauvages et captifs, et qui est causée par une bactérie du genre Mycoplasma. Parmi les différentes espèces de Mycoplasmes aviaires, Mycoplasma gallisepticum est la plus pathogène. Elle est transmise entre oiseaux via les sécrétions oculaires et nasales. C’est une bactérie qui ne résiste pas longtemps dans l’environnement, la transmission se fait donc lors de contacts rapprochés entre les oiseaux, par exemple sur des lieux de rassemblement tels que les points d’alimentation, soit par contact direct soit via le matériel (mangeoire). De plus, c’est une maladie à haut taux de contagiosité, c’est-à-dire qui va toucher beaucoup d’individus et vite. Cependant, le taux de mortalité n’est pas nécessairement élevé. Les oiseaux atteints vont présenter des signes cliniques respiratoires et oculaires comme une conjonctivite, une rhinite, une sinusite. Cela se traduit par des yeux gonflés et rouges, des sécrétions oculaires et au niveau du bec, des plumes souillées et collées autour de la tête. Certains oiseaux peuvent également présenter de l’abattement, une diminution d’appétit et une perte de poids. La mort survient dans le cas où l’animal ne peut plus se nourrir convenablement.
Afin de limiter la propagation de la maladie, certaines actions peuvent être recommandées :
- Pendant une épidémie connue de mycoplasmose, retirez temporairement les mangeoires et les bains d’oiseaux pour réduire le risque de transmission.
- Nettoyez régulièrement vos mangeoires et vos bains d’oiseaux. Une solution d’eau de javel (10 % d’hypochlorite de sodium) devrait être utilisée.
- Évitez d’utiliser des mangeoires à tube dans lesquelles les oiseaux doivent introduire leur tête dedans, car les individus infectés peuvent laisser des écoulements sur les côtés de l’ouverture, qui pourraient facilement être transférés à des individus sains.
- Le traitement n’est pas recommandé chez les oiseaux sauvages infectés, car l’utilisation d’antibiotiques pourrait entraîner le développement d’un état de porteur asymptomatique ou de bactéries résistantes. Il est d’ailleurs rapporté chez les volailles d’élevage que les antibiotiques réduisent les signes cliniques et la transmission, mais n’éliminent pas l’infection.
- Rapportez les oiseaux retrouvés morts ou malades au Réseau canadien pour la santé de la faune. Trouvez le centre régional le plus proche à l’adresse suivante : http://www.cwhc-rcsf.ca/
Bien que la bactérie Mycoplasma gallisepticum ne se transmette pas à l’Homme, les oiseaux sauvages peuvent être affectés par d’autres maladies transmissibles aux humains et aux animaux de compagnie (comme les bactéries Salmonella, Campylobacter et E. coli par exemple). Il est donc important de prendre des précautions lors du nettoyage des mangeoires :
- Tout l’équipement utilisé pour nettoyer les mangeoires d’oiseaux et les bains ne doivent pas être utilisés à d’autres fins. Gardez-les à l’extérieur et loin des zones de préparation des aliments.
- Portez des gants en caoutchouc lors du nettoyage des mangeoires et lavez-vous soigneusement les mains et les avant-bras avec de l’eau et du savon, surtout avant de manger ou de boire. Évitez de manipuler les oiseaux malades ou morts directement à mains nues.
Pour en savoir d’avantage sur cette condition voir les sites suivants :
http://www.cwhc-rcsf.ca/docs/fact_sheets/Bird_Feeder_Strategies_Trifold.pdf
http://www.cwhc-rcsf.ca/docs/fact_sheets/Avian_Mycoplasmosis_Fact_Sheet.pdf
RCSF – Québec