Été record pour les cas de virus du Nil occidental chez la faune au Québec

Photo 1 : Épervier de Cooper affecté par le virus du Nil occidental. L’oiseau semble “absent”, réagit peu aux stimulations externes et présente un port anormal de la queue.

Le Virus du Nil Occidental (VNO) est un flavivirus qui peut infecter les animaux et l’Homme par l’intermédiaire d’un insecte piqueur porteur, généralement un moustique. Bien que certaines espèces de mammifères, tel le cheval, peuvent être atteintes, ce virus cause surtout des mortalités chez les oiseaux sauvages. Le VNO se maintient par un cycle de transmission entre les oiseaux sauvages et les moustiques, en particulier du genre Culex sp. La sensibilité des espèces d’oiseaux à ce virus est variable; les oiseaux de la famille des Corvidés et les oiseaux de proie (Falconidés et Strigidés) y étant particulièrement sensibles.

Depuis son apparition sur le territoire québécois au début des années 2000 le niveau d’activité de ce virus a montré une certaine variabilité annuelle. Après une période d’accalmie de 2004 à 2010, une augmentation des mortalités a été observée au cours des années 2011, 2012 et 2013, pour redescendre par la suite (Graphique 1). Cet été (2017) nous avons observé un nombre de cas de VNO inhabituellement élevé. En fait, en date du 26 septembre 2017, 79 cas de VNO ont été documentés au Québec au cours de l’été. Cette année sera donc une année record pour cette maladie chez les oiseaux soumis au centre régional du Québec. Sauf exceptions, les cas ont été diagnostiqués chez des espèces d’oiseaux de proie, avec en tête le faucon émerillon (39 cas), la petite buse (9 cas), l’épervier de Cooper (7 cas) et l’épervier brun (6 cas). La prépondérance de cas chez les oiseaux de proie n’est pas inattendue en raison de la sensibilité relative de ce groupe à ce virus et au fait que les oiseaux de proie représentent une proportion importante des oiseaux sauvages soumis pour expertise au laboratoire.

Graphique 1: Nombre de cas d’infection par le virus du Nil occidental documentés par le programme de surveillance de base chez la faune au Québec par année en date du 17 septembre 2017 (Source : RCSF).

À noter, la présence d’un cas de VNO chez un écureuil gris trouvé à Saint-Hyacinthe et présentant des signes neurologiques. Les écureuils sont les mammifères sauvages chez qui cette infection virale est la plus fréquemment diagnostiquée en Amérique du Nord. Des cas cliniques de VNO isolés ont aussi été décrits dans la littérature chez d’autres espèces de mammifères non-domestiques tels le phoque, le loup, l’ours blanc et le macaque. Le VNO peut aussi affecter l’Homme et, bien que l’infection soit généralement asymptomatique, cette infection peut dans certains cas évoluer en maladie grave (encéphalite). La détection du VNO chez des espèces sentinelles, comme les oiseaux, permet de mieux appréhender le risque pour la population humaine. En effet, au cours des années nous avons observé une corrélation entre le nombre de cas de VNO diagnostiqué chez les oiseaux sauvages et le nombre de cas chez l’Homme (Graphique 2). En général, les premiers cas de VNO chez les oiseaux dans une région donnée précèdent les premiers cas humains de quelques semaines.

Par conséquent, la documentation d’un nombre de cas relativement élevé de VNO chez les oiseaux cet été devrait se traduire par une augmentation de l’incidence des cas dans la population humaine au Québec. Néanmoins, nous devons constater que ceci ne semble pas être le cas, du moins pour l’instant. En effet, en date du 25 septembre, seulement 10 cas de VNO grave ont été confirmés chez l’Homme au Québec. Si cette tendance se maintient, l’année 2017 sera donc une année de relativement faible incidence de cas humains pour la province, et ce malgré un nombre relativement élevé de cas chez les oiseaux sauvages. La cause de cette absence de corrélation pour l’été 2017 reste incertaine, mais on peut faire l’hypothèse que l’été relativement pluvieux et froid que nous avons connu au Québec a possiblement contribué à diminuer l’exposition de la population humaine aux moustiques, et donc au VNO, en diminuant le temps alloué aux activités extérieures, tel le jardinage et la randonnée en forêt. Ceci étant dit, la saison n’est pas terminée, et avec le temps ensoleillé et chaud que le Québec a eu au cours des dernières semaines on peut s’attendre à ce que le total de cas chez l’Homme augmente dans les prochaines semaines.

Graphique 2: Corrélation entre le nombre de cas de virus du Nil occidental diagnostiqués chez les animaux sauvages et le nombre de cas de VNO observés chez l’Homme au Québec (sources : RCSF et INSPQ/MSSS).

Stéphane Lair et Marion Jalenques, RCSF – Québec

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