Épisode de tularémie chez des rats musqués et castors au Québec
Un castor et deux rats musqués ont été soumis pour analyse au centre régional du Québec. Ces animaux avaient été retrouvés morts en mai 2022 dans les environs de Sainte-Anne-de-Sorel au Québec. Plusieurs carcasses de castors et de rats musqués avaient été observées dans cette région au cours des dernières semaines. Les animaux soumis pour analyse présentaient des hémorragies pulmonaires multifocales (Photo 1).
De plus, le castor présentait une rate hypertrophiée et mouchetée de points blancs. L’examen histologique des organes prélevés a révélé une hépatite et une splénite nécrosantes multifocales aiguës, occasionnellement associées à la présence de petites bactéries Gram négatif (Photo 2).
La présence de la Fransicella tularensis a été confirmée par analyse moléculaire (PCR) sur le foie des trois individus. La souche bactérienne associée à ces mortalités a été identifiée comme étant du type B (ssp. holarctica) par le Laboratoire national de microbiologie.
À notre connaissance il s’agit des premiers cas de tularémie diagnostiqués chez des animaux sauvages dans cette région. Au Québec, la tularémie est habituellement observée chez le lièvre d’Amérique. La présence de cette maladie chez un castor est chez des rats musqués est donc inhabituelle pour la province. À noter que F. tularensis holarctica (type B), qui est surtout décrite chez les rongeurs aquatiques, est moins virulente pour l’Humain que le F. tularensis tularensis (aussi appelée F. t. neartica ou type A), qui circule surtout chez le lièvre d’Amérique.
Zoonose importante pouvant entraîner la mort, la tularémie peut se transmettre à l’Humain suite à un contact avec un animal infecté ou par du matériel ou un environnement contaminé. Une personne peut donc contracter la maladie après : une morsure ou le léchage par l’animal infecté, la manipulation de l’animal infecté, mort ou vivant, l’inhalation d’air ou de poussière contaminés par la bactérie (risque lors de l’ouverture d’une carcasse infectée) et l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminée. La tularémie peut aussi se transmettre par morsure de tiques. En revanche, elle ne se transmet pas d’une personne à l’autre. Chez l’Humain la tularémie peut être caractérisée, entre autres, par de la fièvre, des maux de tête, de la douleur musculaire, une toux sèche et des pneumonies. Un traitement antibiotique arrive habituellement à contrôler l’infection.
Lors de manipulation de carcasses de rongeurs ou de lagomorphes (lièvre ou lapin), il est donc primordial de porter des gants jetables, de bien vous laver les mains et les bras après toute manipulation et de bien laver et désinfecter le matériel ayant servi aux manipulations (par exemple dans solution d’eau de Javel). Le fait de mouiller le pelage de l’animal avant de le préparer peut aussi diminuer les risques d’aérosolisation des bactéries. On évitera aussi de manipuler des carcasses présentant des lésions suggestives de tularémie comme la présence de points blancs ou d’hémorragies sur les viscères. À noter par contre que l’absence de lésions macroscopique ne permet pas d’éliminer la maladie, car ces lésions ne sont pas toujours visibles. Finalement, dans l’éventualité où l’on développe des symptômes suite à la manipulation de rongeurs ou lagomorphes il sera important de mentionner à votre médecin que vous avez été potentiellement en contact avec un animal porteur de tularémie.
RCSF – Québec