Cas de rage (de la chauve-souris) chez une moufette rayée au Québec

Suite à la documentation d’un cas de rage du raton laveur dans le sud du Québec en 2006, un programme de surveillance de la rage du raton laveur, donc l’objectif principal est de détecter le plus tôt possible la présence de cette condition sur le territoire québécois, a été mis en place. Les mesures de contrôle mises en place par le MFFP, incluant l’utilisation d’appâts vaccinaux, ont permis de contrôler cette épidémie et ensuite d’éliminer ce variant du Québec. En raison de la présence de cas de rage du raton laveur dans les états limitrophes, et ce à moins de 100 kilomètres de la frontière, le ministère continu ses efforts de détection et de contrôle de cette maladie mortelle pour l’humain. Dans le cadre de la surveillance rehaussée coordonnée par le MFFP, des ratons laveurs, moufettes rayées et renards trouvés morts ou malades sont soumis au Réseau canadien pour la santé de la faune (RCSF) pour analyse. À noter qu’un cas de rage du raton laveur a été documenté en 2015, dans la portion québécoise de la réserve autochtone d’Akwesasne. Ce cas était associé au foyer épidémique qui a émergé dans le nord de l’État de New York (comté de Franklin) en 2015, où 15 cas de rage du raton laveur ont été détectés à une distance variant de 1 à 18 km de la frontière avec le Québec.  Les interventions de contrôle (épandage d’appâts vaccinaux) ont été ajustées en conséquence en 2015 et les années suivantes. Aucun autre cas de rage du raton laveur n’a été détecté au Québec depuis ce cas.

L’été dernier (2019), une moufette rayée a été observée au milieu de l’après-midi titubant à Longueuil, Québec. Cette moufette est morte quelque temps après sa découverte. Dans le cadre du programme de surveillance rehaussée de la rage du raton laveur, une technicienne du Ministère des forêts, de la faune et des parcs (MFFP) s’est déplacée sur les lieux afin de récupérer l’animal et de le soumettre pour analyse. Cette moufette a été soumise au centre régional du RCSF pour le Québec (CQSAS) où un échantillon de cerveau a été évalué par le test d’immunoperoxidase directe rapide (connue sous l’acronyme DRIT). Ce test, qui a l’avantage de pouvoir être réalisé rapidement dans un laboratoire standard de niveau II, s’est avéré positif. Un diagnostic de rage a été confirmé par la suite dans le laboratoire de niveau III de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) à l’aide du test d’anticorps fluorescents (connu sous l’acronyme FAT). Une infection par le virus de la rage a donc été responsable du comportement anormal et de la mort de cette moufette.

Réaction “positive” d’un test DRIT sur une impression de cerveau afin d’évaluer la présence de rage. Les zones de couleur rouille mettent en évidence la présence du virus de la rage (antigènes) dans les tissus.

Il est important de mentionner qu’au Québec, différents variants du virus de la rage sont, ou ont été historiquement, présents : les variants de la rage terrestre (variant du renard arctique et variant du raton laveur) et plusieurs variants des chauves-souris. Bien que les différents variants puissent causer la rage chez toutes les espèces de mammifères, chaque variant est adapté à un groupe d’espèces; le variant du renard arctique peut se maintenir chez le renard arctique et le renard roux, celui du raton laveur peut se maintenir chez le raton laveur et la moufette rayée et ceux des chauves-souris peuvent se maintenir chez différentes espèces de chauves-souris. Le maintien et la transmission de chaque variant se font habituellement au sein des espèces réservoirs respectives. Bien qu’il arrive à l’occasion qu’un animal d’une autre espèce soit infecté par un de ces variants (ce que l’on appelle une infection de débordement, ou accidentelle), ce type d’infection ne permettra pas le développement de foyers épidémiques de rage dans la population d’une espèce de débordement. En d’autres mots, bien qu’une moufette infectée par le virus de la rage de la chauve-souris puisse être contagieuse et en mourir, ce virus ne devrait pas persister dans la population de moufettes. La mise en évidence d’un virus d’un des variants de la chauve-souris, qui est déjà présent sur le territoire québécois, n’a donc pas la même implication que la détection d’un virus du variant du raton laveur.

Pour cette raison, lorsque l’on détecte la rage chez un animal, il est essentiel d’en déterminer le variant. Dans le cas qui nous concerne, l’ACIA a déterminé que cette moufette était en fait infectée par le variant de la chauve-souris. On peut penser que cette moufette s’est fait mordre par une chauve-souris malade au sol en essayant de la manger. De plus, les moufettes sont connues pour manger les carcasses de chauves-souris. La transmission de la rage à une moufette suite à la consommation de carcasse chauve-souris est donc aussi possible. La détection de ce cas de rage n’a donc pas la même implication qu’aurait eu la mise en évidence d’une infection par le variant de la rage du raton laveur.

Ce cas démontre bien que le système de surveillance rehaussé visant la rage du raton laveur dans les régions de l’Estrie et la Montérégie, mis en place en collaboration avec les différents ministères provinciaux, le RCSF et l’ACIA, est en mesure de détecter la présence de cas de rage sur le territoire.

Pour plus d’information sur le plan de lutte contre la rage du raton laveur au Québec, veuillez consulter le site suivant :

https://rageduratonlaveur.gouv.qc.ca/

 

Préparé par Stéphanie Tremblay-Chapdelaine and collaboration avec Stéphane Lair (RCSF-CQSAS) et Marianne Gagnier (MFFP)

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