Bélugas de la Mer de Beaufort/Belugas of the Beaufort Sea
Évaluation de la santé des bélugas de la Mer de Beaufort
Click here for English
Le béluga (Delphinapterus leucas) est une espèce emblématique de l’Arctique Canadien. La population de la Mer de Beaufort n’est pas considérée comme étant
en péril par le Comité sur la Situation des Espèces en Péril au Canada (COSEPAC). En effet, quelques 32 000 bélugas peupleraient les eaux de la Mer de Beaufort, faisant d’eux une population stable voire en croissance (Alaska Marine Mammal Stock Assessments, 2014). Les bélugas font partie intégrante de la tradition culinaire des Inuvialuits. Ils les chassent en été, lorsque les bélugas se rassemblent dans les eaux peu profondes de l’estuaire du fleuve Mackenzie, et consomment le muktuk (peau et pannicule adipeux) ainsi que le mipku (viande séchée). Comme expliqué par le Dr. Stéphane Lair dans un billet du 7 Juin 2016, les changements climatiques et l’exposition aux contaminants occasionnés par les activités anthropiques pourraient se répercuter sur l’état de santé des bélugas, et celui des communautés qui en dépendent par la même occasion.
Le projet
Un programme de recherche visant à évaluer l’état de santé de la population de bélugas de la Mer de Beaufort a été mis en place, avec la collaboration du ministère Pêche et Océans Canada et de la Région Désignée des Inuvialuits, par le biais du Comité des Chasseurs et Trappeurs de Tuktoyaktuk et du Comité Mixte de Gestion de la Pêche. En 2015, l’équipe de Stéphane Lair du RCSF-Québec et d’Emily Jenkins de l’Université de la Saskatchewan se sont associés à l’équipe de Lisa Loseto de la Division de la Recherche Aquatique de l’Arctique (Pêche et Océans Canada) pour ce projet. Une surveillance de l’état de santé des bélugas dans la Mer de Beaufort était déjà en place depuis plusieurs années, avec la réalisation d’études toxicologiques et diététiques par exemple. Ce partenariat visait à améliorer l’évaluation de l’état de santé des animaux afin d’identifier tout risque potentiel associé à la consommation de viande et de muktuk de béluga. Il permet également de constater tout changement au niveau de l’état sanitaire de la population, par comparaison des résultats obtenus avec les données passées et futures.
Sur le terrain
En 2015 et 2016, un total de 26 carcasses de bélugas a été examiné et échantillonné par l’équipe vétérinaire du RCSF-Québec. Les spécimens ont été prélevés par
des chasseurs de Tuktoyaktuk (TNO) et acheminés à Hendrickson Island, à l’embouchure du fleuve Mackenzie. Chaque béluga a été mesuré et pesé (lorsque possible). Une nécropsie complète a été réalisée, en s’assurant que les chasseurs puissent récupérer le muktuk et la viande convenablement. Du sang et l’ensemble des organes ont été prélevés. Un examen microscopique des organes est ensuite effectué par l’équipe vétérinaire du Dr. Lair afin de mettre en évidence toute anomalie. Deux parasites agents de zoonose (maladie transmissible entre animaux et humains), Trichinella et Toxoplasma, seront recherchés par les collaborateurs de l’Université de la Saskatchewan. D’autres chercheurs à travers le Canada bénéficieront des prélèvements effectués, notamment pour la recherche de contaminants et de maladies infectieuses, le dosage d’hormones ainsi que des études biochimiques sanguines, génétiques et diététiques.
Et ensuite ?
Les résultats de l’étude réalisée par l’équipe du Dr. Lair seront rendus publiques en 2017 et partagés avec les communautés autochtones de la Région Désignée Inuvialuit, au cours de conférences notamment. Les résultats seront également comparés aux observations effectuées chez d’autres populations de bélugas, notamment les bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent au Québec, afin de mieux comprendre les problèmes de santé touchant cette population en voie de disparition.
—-
Update on beluga health assessments in the Beaufort Sea
The beluga (Delphinapterus leucas), is an iconic species in the Canadian Arctic. The Beaufort Sea population is not considered at risk according to the Committee
on the Status of Endangered Wildlife in Canada (COSEWIC). Indeed, an estimated 32,000 whales form the Beaufort Sea stock, making it stable or even increasing (Alaska Marine Mammal Stock Assessments, 2014). Inuvialuits rely on this population of whales for traditional food and harvest them in summer, when beluga congregate in the shallow waters of the Mackenzie estuary. Belugas are hunted for the muktuk (skin and blubber) and for the mipku (dried meat) by northern communities. As explained before by Stéphane Lair, changes in climate and exposure to contaminants through human activity could impact the health of the belugas and therefore the health of the communities that rely on it.
The project
With the support of the Department of Fisheries and Oceans Canada (DFO) and the Inuvialuit Settlement Region, through the Hunter and Trappers Committee of Tuktoyaktuk and the Fisheries Joint Management Committee, a research program was implemented to assess the health of the beluga population in the Beaufort Sea. In 2015, Dr. Lair’s team from CWHC-Quebec and Emily Jenkins, from the University of Saskatchewan, joined Lisa Loseto’s team from the Arctic Aquatic Research Division (AARD) on this project. Researchers from the AARD had already been working on monitoring beluga health in the Beaufort Sea over the last few years (i.e. dietary studies, toxicology, herpesvirosis). The purpose of this partnership was to optimize health diagnostics in order to assess food safety issues related to the consumption of beluga meat and muktuk. It also aimed at identifying potential threats to the health of the harvested animals, comparing the results with past and future investigations.
In the field
In 2015 and 2016, a total of 26 beluga carcasses were examined and sampled by the veterinary team from CWHC-Quebec, together with DFO members and locals. The belugas were harvested by hunters from Tuktoyaktuk (NWT) and brought on Hendrickson Island, in the Kugmallit Bay of the beautiful Mackenzie Delta region. For each beluga whale, measures and weight (if possible) were taken. A complete necropsy was carried out, giving the opportunity to hunters to retrieve all muktuk and meat properly; blood was collected and organs were sampled for histological examination by Dr. Lair’s team. Specific samples will be assessed by collaborators from the University of Saskatchewan for assessing the presence (or absence) of parasites that could be transmitted to humans (Trichinella and Toxoplasma). Many other researchers throughout Canada will also benefit the samples taken from these whales: blood chemistry, contaminants and hormonal measurements, genetic and dietary studies and screening for other infectious agents will also be performed.
And then?
The results from the study performed by CWHC-Québec should be released in 2017 and shared with the indigenous communities throughout the Inuvialuit Settlement Region, at conferences for instance. Results will also be compared with those from other beluga populations, particularly the belugas from the St. Lawrence Estuary in Quebec, in order to help understand health issues in this endangered population.
Submitted by Rozenn Le Net and Émilie L. Couture, CWHC-Québec