Cas de trichomonase confirmés chez des oiseaux de mangeoire au Québec

Roselin familier

Depuis la mi-août quelques oiseaux malades présentant des signes cliniques suggestifs de trichomonase ont été rapportés au centre régional du Québec. Ces cas ont été observés dans les régions de Montréal et de Sherbrooke. Une infection par Trichomonas gallinae été confirmée suite à l’analyse en laboratoire d’un roselin familier (Haemorhous mexicanus). Cet oiseau, qui fréquentait une mangeoire à Laval, a été trouvé mort après avoir présenté de la difficulté à avaler et de la faiblesse. L’autopsie réalisée au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages a permis de mettre en évidence des lésions orales ulcératives et prolifératives hautement suggestives de trichomonase. La présence du parasite a été confirmée par analyse moléculaire à l’aide d’un test PCR.

La trichomonase est une maladie causée par un parasite protozoaire, Trichomonas gallinae. Ce parasite a été reconnu comme une maladie infectieuse émergente chez les pinsons en Grande-Bretagne en 2005. En 2007, les premiers cas de trichomonase chez les oiseaux de mangeoires ont été documentés dans les provinces maritimes canadiennes. La cause exacte de l’émergence de cette maladie demeure incertaine. Cependant on suspecte que les passereaux fréquentant les mangeoires s’infecteraient suite à des contacts avec des colombiformes (pigeons et tourterelles) qui sont reconnus comme étant les principaux porteurs de ce parasite. La transmission peut se faire soit suite à un contact direct avec un oiseau infecté, ou lors de la consommation de graines contaminées par le parasite. Ce protozoaire peut en effet survivre quelque temps à l’extérieur de l’oiseau dans un environnement humide et chaud. Sa propagation est donc facilitée lors de périodes de chaleur par la présence de mangeoires et de bains contaminés par d’autres oiseaux infectés. Pour cette raison cette condition est surtout observée à la fin de l’été et au début de l’automne. Les espèces les plus communément atteintes par cette condition sont les fringilidés (roselins, chardonnerets), mais les oiseaux de proie peuvent aussi s’infecter en consommant des oiseaux contaminés. Le protozoaire colonise le tractus digestif supérieur, particulièrement la cavité orale et l’œsophage, entraînant des lésions ulcéreuses au niveau de la muqueuse. Ces lésions douloureuses entraînent une difficulté lors de la préhension des aliments. Les oiseaux infectés ont ainsi de la difficulté à avaler et une mort par inanition (anorexie prolongée) peut s’en suivre. À noter que ce parasite n’affecte pas l’humain ou les autres mammifères.

En favorisant l’agrégation d’oiseaux durant les périodes chaudes plus propices à la transmission, l’augmentation de la pratique de nourrissage durant l’été pourrait expliquer l’émergence de cette condition observée au cours des dernières années. Le nourrissage des oiseaux est une activité très populaire qui est associée à des retombées positives à la fois pour les oiseaux et les personnes impliquées dans cette activité; cette activité est souvent un des premiers contacts que nous avons avec la nature qui nous entoure. Cependant, il est important de comprendre que cet apport alimentaire externe peut aussi parfois avoir des impacts négatifs sur la santé des oiseaux sauvages. Afin de limiter les risques de propagation de la trichomonase, et autres maladies, chez les oiseaux de mangeoires, il est important de rester à l’affût des manifestations de maladie chez les oiseaux qui fréquentent nos mangeoires, telles que l’hypersalivation, la régurgitation de graines, la présence de plumes et/ou graines collées au pourtour du bec, yeux enflés, un plumage ébouriffé ou une difficulté à respirer. Si des cas de maladies sont suspectés, les mangeoires devraient être retirées pour au moins 2 semaines. Dans les cas d’éclosion de trichomonase à la fin de l’été et à l’automne, il est en fait recommandé de retirer les mangeoires jusqu’à l’apparition du premier gel. Afin de minimiser les risques de propagation de la maladie, on assurera un apport de graines saines en favorisant des petites mangeoires se vidant rapidement et des mangeoires comportant un toit afin de garder les aliments à l’abri des intempéries. Il est aussi recommandé de nettoyer et désinfecter au moins deux fois par mois les mangeoires et bains pour oiseaux. Bien que l’humain ne soit pas sensible à ce parasite, il est recommandé de porter des gants lors du nettoyage et de bien se laver les mains par la suite en raison de la présence potentielle d’autres agents potentiellement pathogènes chez les oiseaux de mangeoires (ie. Salmonella, E. coli, Campylobacter). En minimisant la contamination des graines par les matières fécales, l’utilisation de mangeoires en silo (au lieu de plateau de nourrissage) est préférable, surtout durant la saison estivale. Merci de rapporter les oiseaux malades ou morts au Réseau canadien de la santé de la faune. Le centre régional le plus proche peut être trouvé à l’adresse suivante : http://cwhc-rcsf.ca/.

 

Pour plus d’informations sur cette condition, veuillez consulter le site suivant : http://www.cwhc-rcsf.ca/docs/fact_sheets/Trich_Factsheet_FR.pdf

 

Centre régional du Québec

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